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De bois, de fer, de cuivre, de laiton et d’argent

Dans toutes les églises, il y en a ! Prêts à l’usage ou déjà allumés. Des bougies et des cierges, bien sûr !

Pour les présenter, au fil du temps, des artisans ont réalisé des supports plus ou moins riches, plus ou moins travaillés.

Pour les bougies « ordinaires », il y a de nos jours des présentoirs, souvent en métal léger, destinés à bruler de nombreuses bougies en même temps. Ces présentoirs permettent souvent à la dévotion populaire de se manifester au fil de l’année.

Mais il existe des supports plus artistiques. Ainsi dans le cas de la collégiale, et sans être exhaustif, il y a de nombreux exemples, utilisés ou non. Chandeliers, appliques, bras de lumière, lampe de sanctuaire. Bref, toute une panoplie d’objets pour présenter bougies et cierges à brûler !

Le chandelier le plus imposant, en laiton, est évidemment celui pensé pour supporter le cierge pascal. Il date du milieu du XXe siècle. Il s’agit d’un travail réalisé dans les ateliers d’art de Maredsous. Du samedi Saint au dimanche de la Pentecôte, il porte le Cierge Pascal[i] de l’année, soit à l’entrée du chœur, soit en haut des marches du sanctuaire[ii]. Le reste de l’année, il est exposé dans la chapelle des fonts baptismaux.

Au Trésor de la collégiale, deux chandeliers sur pieds (hauteur de +/- 1,70 m), en fer forgé, dans la tradition des chandeliers gothiques, témoignent de ce que le XIXe a réalisé. Il semble qu’ils aient été réalisés pour servir lors des funérailles. Les pieds de ces « pics » sont réalisés en forme de tête de monstre (des dragons ?).

Pour rester dans les supports en fer, il faut mentionner la grille protégeant la statue (XVIe) du Bon Dieu de Pitié à l’entrée de la chapelle de semaine. Il s’agit certes d’une grille protectrice mais elle sert surtout de support aux nombreuses bougies discrètement déposées avec des intentions particulières tout au long des mois.

Et, même si on ne peut les manquer, il ne faut pas oublier que les grilles qui entourent le chœur de la collégiale sont surmontées de bobèches[iii] destinées à recevoir des cierges. La dernière fois que les grilles du chœur ont été partiellement utilisées comme « porte-cierges » c’est lors de la cérémonie de la descente de la châsse de 1988, qui marquait symboliquement le 13e centenaire de la « naissance au ciel » de sainte Waudru.

Sur d’anciennes photos de la collégiale, il est encore possible de voir une « couronne de lumière » en fer forgé du XIXe. La structure existe toujours. Elle est en réserve et ne demande qu’à retrouver une place dans la collégiale (la troisième chapelle de la nef nord lui conviendrait parfaitement).

Qui dit chandeliers à Sainte-Waudru, dit tout de suite cérémonies de la Ducasse quand six chandeliers en argent sont placés sur le maître-autel, entourant la croix de De Bettignies réalisée en 1742. Ces mêmes chandeliers sont aussi utilisés lors des Te Deum des 21 juillet et 15 novembre. Le reste du temps, ils sont précieusement conservés et sécurisés en la sacristie.

Ces chandeliers (XVIIIe) sont en argent et constituent deux séries, mélangées pour n’en placer que six sur l’autel majeur de Sainte-Waudru aux jours de fêtes. La première, composée de 6 chandeliers provient probablement d’un autel dédié à sainte Barbe. La seconde, composée de 4 chandeliers, vient de la chapelle axiale de la collégiale dédiée à Notre-Dame de Tongre.

Il fut un temps où chaque autel de la collégiale disposait de ses chandeliers (assortis au crucifix). Ceux réalisés au XIXe siècle et qui ont « résisté » aux modes -et ils sont peu nombreux- sont entreposés dans les annexes de la sacristie. Ils ne servent plus (ou alors très, très rarement) mais témoignent de l’art d’une époque où de multiples messes étaient célébrées quotidiennement dans la collégiale. Pour la plupart, ils sont en cuivre et laiton.

Le trésor de la confrérie de Saint-Jean-le-Décollé comporte deux bras de lumière en argent. Ces œuvres destinées à supporter un petit cierge étaient fixées sur le retable de chaque côté de l’autel. On pouvait facilement les placer ou les enlever en fonction des besoins.

Devant le Saint-Sacrement, il y a toujours une veilleuse (souvent derrière un verre rouge) dont la flamme scintille. Il fut un temps où la veilleuse était déposée dans une lampe de sanctuaire. C’est-à-dire une structure, souvent en cuivre avec des appliques d’argent, qui pendait au milieu du chœur, devant le tabernacle[iv], et dans laquelle brillait la veilleuse manifestant la présence du Saint-Sacrement.

La lampe de sanctuaire du chœur de Sainte-Waudru n’a pas résisté aux bombardements du 10 mai 1940. Elle a été soufflée et abîmée. Elle n’a jamais été réparée et ses pièces, témoins directs du bombardement, sont toujours conservées en la collégiale.

Lors de funérailles, de hauts cierges sont placés autour du défunt sur quatre chandeliers bas en laiton.

La plupart des « chandeliers » déjà évoqué sont de taille respectable. Au Trésor de la collégiale, il existe quelques petits chandeliers d’argent. Ils ont peut-être été réalisés pour servir lors de célébrations religieuses ou proviennent de collections privées. Ceux réalisés en argent vers 1796[v] rentrent assurément dans la catégorie « chandeliers civils », les autres peuvent avoir eu une utilisation « religieuse », c’est chose certaine pour deux d’entre eux (XVIIIe) qui portent l’inscription « Tongre » gravée sous le pied.

Quant aux petits chandeliers en bois, il n’y en a plus en la collégiale. Peut-être ont-ils fait les frais des réaménagements liturgiques qui ont suivi le Concile Vatican II[vi] ? S’il faut trouver du bois comme support pour des cierges, il faut se tourner vers la chapelle de semaine. Sur le retable sont attachés deux bras de lumière, dont les cierges brillent lors des célébrations liturgiques. Et, proches de l’autel, sur le mur, entourant la statue de la Vierge réalisée par le sculpteur Jean-Baptiste Loor en 1858, il y a aussi deux bras de lumière en bois qui permettent d’offrir des bougies à Marie.

Notons cependant qu’il y a au Trésor un grand porte-cierge en bois (XVIIe), dénommé « Chandeliers de l’Office de Ténèbres » (le Vendredi Saint au soir) et qui peut présenter quinze cierges. Ce chandelier est parfois encore utilisé. Au fil de l’Office, des cierges sont éteints et finalement, il n’en reste qu’un en symbole d’espérance et d’attente de la manifestation de la Résurrection du Christ.

Et comme ce texte finira sur une note de Ducasse, aux « chandeliers » évoqués, il convient d’adjoindre les quatre lanternes (bois, verre et laiton) qui escortent le chef de sainte Waudru en procession (et qui ne sont plus utilisées qu’à cette occasion). Ces lanternes ont vraisemblablement été réalisées à l’extrême fin du XVIIIe pour escorter le Saint-Sacrement en procession.

Sauf rares exceptions, les présentoirs de bougies ordinaires ne sont plus très souvent complets. Celui placé devant le chef de sainte Waudru l’est parfois à l’occasion de la fête de la sainte. Mais pour découvrir tous les présentoirs ordinaires remplis de bougies allumées, il faut passer par la collégiale le dimanche de la Trinité après-midi. En effet, tous les présentoirs sont placés dans le couloir de la nef centrale devant la châsse de la sainte patronne de Mons. Des centaines de bougies sont ainsi allumées et offertes à Waudru entre midi et 18h00, c’est-à-dire entre la fin de la procession et la fermeture de la collégiale. La piété populaire a encore de beaux jours devant elle.

Benoît Van Caenegem

Conservateur de la collégiale Sainte-Waudru

et de son Trésor

[i] Cierge décoré, béni et allumé lors de la veillée pascale. Ce cierge est, en plus du temps pascal, utilisé lors des baptêmes er des funérailles.

[ii] Le sanctuaire correspond à la partie haute du chœur (la partie en haut des marches), là où se trouve le maître-autel).

[iii] En l’occurrence, « petit vase » doré, fixé au sommet de la grille, qui soutient le cierge.

[iv] « Armoire » qui abrite le ciboire contenant les hosties consacrées en réserve. Le tabernacle de la collégiale est en bronze et se trouve dans la chapelle Saint-Roch, à proximité du chœur et de la sacristie.

[v] Ces chandeliers ont été réalisés par l’orfèvre Evrard.

[vi] Concile qui se tient à Rome de 1962 à 1965 et dont le but est d’assurer le renouveau de l’Eglise et de préparer l’unité chrétienne.